Comment une alimentation saine favorise-t-elle des réponses immunitaires et vaccinales optimales ? D'éminents experts expliquent

• Dans le contexte de la pandémie mondiale de COVID-19 et du déploiement du vaccin, il est essentiel de garantir des réponses immunitaires et vaccinales optimales pour protéger les populations du monde entier. Il a été démontré qu'un état nutritionnel suffisant renforce l'immunité et réduit le risque et l'impact des infections, en soutenant les cellules immunitaires qui détruisent les agents pathogènes dangereux et produisent des anticorps - les mêmes cellules qui contribuent à générer une réponse vaccinale efficace.^1,2
• Une étude récente a mis en évidence la relation entre les nutriments et les oméga-3 et la fonction immunitaire, et a exploré leur impact potentiel sur l'infection par COVID-19.³ Dans ce blog, l'auteur principal, Mette M. Berger, professeur de soins intensifs à l'hôpital universitaire de Lausanne, et le co-auteur, Manfred Eggersdorfer, professeur au département du vieillissement en bonne santé au centre médical universitaire de Groningue, nous font part de leur point de vue d'expert sur l'article en question.
• Lisez la suite pour découvrir comment une nutrition adéquate favorise la santé immunitaire et les réponses vaccinales, les implications mondiales potentielles de la nouvelle étude et son appel à l'action, et pourquoi la supplémentation en micronutriments pourrait jouer un rôle pour mieux garantir une santé immunitaire optimale et des réponses vaccinales robustes dans tous les groupes de population.

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Pourquoi l'accent est-il mis sur les micronutriments, l'immunité et les vaccinations ?

La pandémie de COVID-19 a mis en lumière les stratégies visant à maîtriser la propagation et l'impact de l'infection. Dans le même temps, nous assistons à une campagne de vaccination sans précédent dans le monde. Par conséquent, on s'intéresse aujourd'hui plus que jamais à la manière dont le soutien d'une santé immunitaire optimale et de réponses vaccinales solides pourrait compléter les mesures mises en place pour gérer la pandémie - et de plus en plus d'éléments suggèrent que le statut en micronutriments pourrait jouer un rôle important.

Comment les micronutriments soutiennent-ils la santé immunitaire et la réponse vaccinale ?

Sur la base d'un vaste ensemble de données précliniques et cliniques, il est largement admis que la réponse immunitaire est soutenue par un statut adéquat de nutriments tels que les vitamines A, B6, B12, C, D, E et folate, ainsi que les acides polyinsaturés oméga-3 (PUFA), le zinc, le sélénium, le cuivre et le fer.¹

Il a été démontré que les vitamines et les minéraux soutiennent un certain nombre de cellules immunitaires dans leurs fonctions uniques : les macrophages, qui détruisent les agents pathogènes, les cellules T, qui tuent les cellules infectées par des virus, et les cellules B, qui sécrètent des anticorps protecteurs.1 Ces mêmes cellules jouent également un rôle dans la réaction de l'organisme aux vaccinations.⁴

Étant donné que ces micronutriments et acides gras jouent un rôle important dans la réponse immunitaire, il n'est pas surprenant qu'un nombre croissant de preuves soutiennent leur rôle dans la réduction du risque et de l'impact du COVID-19. Par exemple, de nombreuses études d'association et méta-analyses ont montré qu'un statut inadéquat en vitamine D augmentait le risque d'infection et la gravité des résultats.^5,6 En outre, une publication récente indique qu'une supplémentation en acides gras oméga-3 ou en multivitamines est également associée à une diminution de l'incidence du COVID-19, en particulier chez les femmes (Louca et al., 2021). L'importance potentielle de ces micronutriments par rapport à COVID-19 est décrite plus loin.

Ces nutriments sont également importants pour soutenir les réponses aux vaccins. Par exemple, une méta-analyse de neuf études sur la vaccination antigrippale a révélé que les personnes présentant une carence en vitamine D avaient un tiers de chances en moins que celles ayant un statut adéquat de générer des niveaux "séroprotecteurs" d'anticorps contre deux des trois souches contenues dans un vaccin antigrippal.⁷ Ceci est particulièrement important, car les personnes "séroprotégées" ont généralement 50% de chances en moins de contracter la grippe.⁸ Une autre étude a montré que l'administration de 200 mg/jour de vitamine E à des adultes âgés en bonne santé pendant quatre mois améliorait de manière significative la réponse au vaccin contre l'hépatite B - un vaccin dépendant des cellules T qui est souvent altéré chez les personnes âgées.⁹ En raison de données telles que celles-ci, un nombre croissant d'experts recommande la supplémentation en micronutriments pour soutenir les réponses immunitaires et vaccinales.^10,11,12

Quelles sont les conclusions de ce nouvel examen ?

Intitulé "Strengthening the immunity of the Swiss population with micronutrients : a narrative review and call for action" (Renforcer l'immunité de la population suisse à l'aide de micronutriments : une analyse narrative et un appel à l'action), ce document examine les liens entre certains nutriments, la fonction immunitaire et l'infection par COVID-19.³

Le professeur Berger a expliqué : "À ce jour, le COVID-19 a infecté plus de 600 000 personnes et est responsable de plus de 9 000 décès en Suisse.13 Par rapport à d'autres pays européens ayant un statut socio-économique et sanitaire similaire, la dynamique et le nombre d'infections et de décès sont restés élevés - en particulier par rapport aux pays nordiques.¹⁴ L'accent mis par les pays nordiques sur l'état nutritionnel des habitants ayant potentiellement contribué à réduire l'incidence et à améliorer les résultats,¹⁵ notre étude visait à explorer le potentiel des conseils nutritionnels en tant que stratégie pour soutenir l'immunité et les résultats sanitaires, en particulier dans les groupes à risque d'apports insuffisants pendant la pandémie." 

Une partie importante de l'étude consistait à résumer l'influence des nutriments sur le système immunitaire et à mettre en évidence les risques nutritionnels spécifiques à la population suisse en matière d'immunité. "Il est bien documenté que les carences en micronutriments ou un statut suboptimal peuvent influencer négativement la fonction immunitaire et réduire la résistance à l'infection. Bien que les données représentatives de la population suisse soient limitées, les données existantes suggèrent que l'apport alimentaire est faible en vitamine C, en vitamine D, en fer, en sélénium, en zinc   et en AGPI oméga-3", a déclaré le professeur Eggersdorfer. "Ceci est particulièrement préoccupant, car il a été démontré que la population âgée - qui constitue un groupe à risque majeur pour le COVID-19 - présente un risque accru d'apport nutritionnel inadéquat."^12,16

Bien que l'étude se soit concentrée sur la population suisse, ses conclusions pourraient s'appliquer à d'autres régions. Eggersdorfer a commenté : "Il est intéressant de noter que, bien que l'étude ait eu lieu dans un pays développé où l'accès à une alimentation saine semble abondant, nous avons observé un risque significatif de carences nutritionnelles et une faible adhésion aux recommandations diététiques nationales. Et cette situation est probablement la même ailleurs".

Pourquoi la supplémentation peut-elle être utile ?

En effet, bien qu'une alimentation équilibrée et diversifiée permette d'obtenir un statut nutritionnel adéquat pour soutenir la fonction immunitaire, les apports insuffisants et les inadéquations nutritionnelles sont très fréquents. C'est ce qui ressort non seulement de la récente étude sur la population suisse, mais aussi des chiffres provenant d'autres pays du monde, comme les États-Unis, où une étude portant sur plus de 26 000 Américains a révélé que 45 % des adultes avaient des apports alimentaires insuffisants en vitamine A, 46 % en vitamine C, 95 % en vitamine D, 84 % en vitamine E et 15 % en zinc.¹⁷ Ces chiffres confirment que les niveaux de nutriments nécessaires pour soutenir une réponse immunitaire optimale (y compris les mécanismes liés à la production d'anticorps) ne peuvent pas être facilement atteints par le seul biais de l'alimentation quotidienne.¹¹ C'est pourquoi la supplémentation alimentaire pourrait être un moyen de soutenir les stratégies de lutte contre le COVID-19, au même titre que la distanciation sociale, les mesures d'hygiène, la vaccination, etc.

"La supplémentation avec des doses modestes d'une combinaison de micronutriments spécifiques peut être un moyen sûr, efficace et efficient de combler le manque de nutriments et de soutenir la santé immunitaire dans les populations du monde entier. Bien que les études disponibles sur l'administration de nutriments après un diagnostic de COVID-19 ne montrent pas d'amélioration de l'issue de la maladie,18 il y a des indications qu'un état nutritionnel optimal avant l'exposition peut réduire l'incidence et la gravité de la maladie",^5,10,19 a déclaré le professeur Berger. "Cibler les groupes vulnérables en leur apportant des doses modérées de nutriments immunitaires - tels que les vitamines C et D, le sélénium et le zinc - et d'AGPI oméga-3 pourrait compléter d'autres méthodes établies pour réduire l'impact et la gravité de la maladie COVID-19. Étant donné le rôle de l'état nutritionnel dans le soutien de la fonction immunitaire, le fait d'encourager un apport optimal en nutriments par le biais d'une supplémentation pourrait constituer la base d'une réponse vaccinale optimale, en particulier chez les adultes plus âgés."¹¹

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